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Sommes-nous fait pour courir?
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Material de apoyo al Seminario de Biomecánica impartido en el IES ALPAJÉS en 2015
Homo sapiens. Nous étions des grands singes perchés dans les arbres et désormais nous dominons le monde.
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Pendant des millions d'années, nous avons dû lutter pour survivre.
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Sommes-nous simplement devenus plus intelligents que les animaux qui nous entourent ?
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Oui, mais pas seulement.
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Avant de commencer à penser comme des hommes, nous avons connu un changement bien plus radical.
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Nous nous sommes mis à courir sur nos deux jambes.
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Et c'est un véritable exploit.
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Nous pensons aujourd'hui que c'est grâce à la course que l'homme est devenu ce qu'il est.
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Je m'appelle Niobe Thompson, je suis anthropologue,
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et je veux comprendre comment nous sommes devenus des singes capables de courir.
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Pour en savoir plus, nous allons voyager à travers le monde.
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Homo sapiens.
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L'homme sage, l'homme qui pense.
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Nous vivons dans une civilisation de l'esprit, un monde rendu possible par notre cerveau complexe.
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Un cerveau si puissant qu'il définit même notre espèce.
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Mais peut-être y a-t-il autre chose qui nous différencie de nos ancêtres primates.
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Un avantage évolutif plus profond.
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Peut-être avons-nous dû courir, avant même d'apprendre à penser.
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Pour moi, comme pour la plupart des gens, le fait de courir semble aller de soi
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Mais en tant qu'anthropologue, je trouve cette aptitude étonnante
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Elle n'a pas son pareil dans la nature
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L'homme est de loin le meilleur coureur de fond
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Et la façon dont il y est parvenu est aussi fascinante qu'incroyable
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Comme vous, je suis le fruit d'une évolution de 2,5 millions d'années
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Un grand singe bipède qui se tient debout et marche.
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On peut toujours dire que c'est le fait de se redresser qui a rendu tout le reste possible.
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Notre intelligence complexe, notre capacité à travailler en groupe, à utiliser des outils, le langage.
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Encore faut-il savoir pourquoi.
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Les hommes n'ont pas toujours dominé le monde qui les entoure.
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Pendant la majeure partie de notre histoire, nous avons été des proies.
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L'Afrique de nos ancêtres primates grouillait de prédateurs.
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Comment les premiers hominidés, une fois debout, ont-ils survécu pour fonder la lignée humaine ?
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Comment un singe bipède vulnérable a-t-il pu apparaître dans cet environnement et s'en sortir ?
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Nous sommes dans la vallée du Grand Rift, le berceau de l'humanité.
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Le plus vieil endroit habité du monde.
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Il y a plus de 10 millions d'années, nos ancêtres vivaient et évoluaient ici.
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Ces pasteurs à phare ont dû marcher sur les ossements des premiers hommes.
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Ils vivent dans la vallée de Lawash, un des lieux les plus chauds du monde.
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Pour comprendre comment nous sommes apparus, il faut remonter 3 millions d'années en arrière.
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Il n'y a pas toujours eu un désert ici.
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A l'époque, c'était une forêt tropicale.
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Nos ancêtres vivaient dans la canopée, à l'abri des prédateurs qui restaient au sol.
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Comme nos plus proches cousins, les chimpanzés, leur corps était fait pour grimper et s'accrocher aux branches.
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Voici une Ardipitheque, une de nos ancêtres d'avant l'âge de glace.
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Elle était parfaitement adaptée à la vie dans les arbres.
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Mais avec son pouce opposable, elle ne pouvait faire que de brèves et difficiles incursions sur le sol de la forêt.
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Le monde des Ardipitheques n'a pas duré.
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Au bout d'un million d'années, la période glaciaire a commencé.
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Cette partie de l'Afrique s'est asséchée et les forêts denses qui couvraient la vallée du Rift ont disparu.
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Toute la région est devenue désertique et la lignée de nos ancêtres s'est éteinte.
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Désormais à découvert, ils ont été chassés, presque jusqu'au dernier.
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Mais quelques-uns ont trouvé une solution.
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Pour survivre, les habitants des arbres se sont adaptés à la vivipède.
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Au fil de centaines de générations, leurs épaules sont devenues moins larges, leurs bras plus courts.
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Leurs doigts de pied et de main ont changé de forme.
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Leurs jambes se sont allongées.
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La nature a sélectionné un nouveau singe, une créature unique dans le monde animal.
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C'était sans doute les êtres vivants les plus intelligents existants à cette époque.
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On peut supposer qu'ils avaient des capacités cognitives comparables à celles des grands singes.
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Yann Tattersall a passé une grande part de sa vie en Afrique, dans la vallée du Grand Rift,
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à étudier comment nos ancêtres ont survécu quand ils ont dû passer des arbres au sol.
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A l'American Museum of Natural History, il me montre des mannequins des premiers marcheurs.
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Nous avons tenté de reconstituer une scène qui s'est déroulée à Letoli, en Tanzanie,
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il y a près de 3,5 millions d'années.
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Une éruption volcanique a eu lieu et la couche des cendres dispersées sur le sol a formé une sorte de ciment sur lequel ont marché des hominidés qui passaient par là.
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Il ne fait aucun doute qu'il s'agissait de bipèdes.
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Et il n'y a aucune trace d'une forme de soutien autre que leurs deux pieds.
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C'est donc une preuve magnifique du fait que ces hominidés étaient debout et marchaient sur leurs deux pieds à cette époque.
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Mais ils n'étaient pas faits comme nous.
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Vous pouvez voir qu'ils sont plutôt petits, deux fois plus petits que nous.
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Oui, ils sont deux fois plus petits que nous et très vulnérables à découvert.
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C'est tellement improbable que cette espèce ait survécu dans cet environnement plein de lions, de hyènes et de sortes de tigres à dents de sabre.
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Rien dans leur physique ne leur permettait de s'enfuir rapidement ou de se défendre.
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C'est vrai.
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Une fois qu'ils ont perdu leur habitat de forêt, ces petits singes bipèdes sont parvenus à survivre à découvert
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Je ne parviens pas à comprendre de quel avantage évolutif ils disposaient
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Ils devaient bien y en avoir un, mais lequel ?
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Cette question intrigue aussi les chercheurs du laboratoire de biologie du squelette à Harvard
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Celui-ci est dirigé par Daniel Lieberman, professeur en biologie évolutive
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Sa passion pour la course à pied est à l'origine d'une grande découverte scientifique
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A l'instant où nous sommes devenus bipèdes, nous sommes devenus vulnérables
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La plupart des australopithèques dont nous possédons les ossements ont été tués par des carnivores
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Nous servions souvent de repas à cette époque-là
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Quels sont les liens entre le développement du cerveau et celui de l'homo erectus en tant que coureur ?
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L'important ici c'est le développement de la chasse et de la cueillette
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qui ont eu pour effet de permettre à l'homo erectus d'avoir accès à plus d'énergie
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Ce qui signifie avoir un plus gros cerveau.
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C'est un organe très énergivore.
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Actuellement, 20% de votre métabolisme de base est consacré au fonctionnement de votre cerveau.
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Ce nouveau mode de vie basé sur la chasse et la cueillette a généré une contrainte énergétique qui a rendu possible le développement du cerveau.
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Quand nous sommes devenus bipèdes il y a 5 millions d'années, nous sommes devenus lents.
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Économes, efficaces, mais lents.
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Un bipède ne peut pas courir vite.
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La sélection naturelle a donc résolu ce problème en trouvant une solution totalement nouvelle
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et a fait de nous non pas des sprinteurs comme la plupart des mammifères,
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mais des coureurs d'une grande endurance.
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Et c'est particulier aux humains.
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Nous ne sommes pas bons en course de vitesse, mais en endurance.
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Serions-nous alors une espèce ultra spécialisée, faite pour courir ?
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Voici un autre genre de laboratoire à l'Université d'Alberta.
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Larry Bell, spécialiste du sport, s'intéresse aux limites des capacités humaines.
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Il est expert en biomécanique et travaille avec certains des coureurs les plus rapides du monde.
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J'ai travaillé un peu avec lui aujourd'hui.
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Ça faisait longtemps que ce n'était pas arrivé.
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Il a eu des problèmes importants à long terme qui ont compromis sa carrière.
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Il a un bras qui part sur le côté, avec une certaine asymétrie en haut.
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Oui, je vois. Le bras gauche sort plus que le bras droit, mais ça va trop vite pour moi.
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Il est super rapide, mais là on parle de centièmes de seconde.
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Comment gagner le centième qui va vous amener au sommet ?
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Ce n'est pas en minutes qu'on compte, mais en centièmes de seconde, ceux qui vont faire la différence.
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Cet homme est extrêmement rapide, mais ceux qui étaient autrefois ses prédateurs peuvent courir deux fois plus vite que lui
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Aucun humain n'a jamais réussi à distancer un animal qu'il avait pris en chasse
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La théorie classique de l'évolution humaine affirme que quand nous sommes devenus carnivores et bipèdes, nous nous sommes mis à utiliser des outils
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Et que cela a favorisé le développement de notre cerveau
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Mais il y a seulement 300 000 ans que nous avons eu l'idée de fixer une pierre au bout d'un bâton
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Nous n'avions pas tous les instruments dont nous disposons aujourd'hui pour nous protéger ou pour chasser.
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Donc, bien avant d'avoir des armes, nous chassions et mangeons de gros animaux.
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On y parvenait en les poursuivant jusqu'à ce que mort s'en suive.
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Dans les années 80, des anthropologues vivant dans le désert du Kalahari avec des chasseurs-cueilleurs ont assisté aux dernières chasses de ce type.
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Ils les ont baptisés les chasses à l'épuisement.
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La chasse et l'épuisement tirent partie de deux caractéristiques importantes que possèdent les hommes, mais pas les autres quadrupèdes.
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La première, c'est que nous pouvons facilement atteindre en courant une vitesse qui fait galoper les quadrupèdes.
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J'ai beau être un professeur, plus tout jeune, je peux facilement courir à une vitesse qui demande à un poney de passer du trop au galop.
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Quand nous courons à ces vitesses-là, nous nous refroidissons en transpirant, alors que les animaux que nous chassons se refroidissent en haletant.
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L'adaptation humaine la plus importante, et qui fait de nous les champions de la régulation thermique,
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capable de faire face à des températures élevées, est notre peau glabre et qui transpire.
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De tous les animaux, ce sont les hommes qui transpirent le plus.
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Aucun autre primate ne régule sa température de cette façon.
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C'est extrêmement rare chez les mammifères.
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Nous avons développé un grand nombre de glandes sudoripares sur tout notre corps.
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En moyenne, on en possède de 2 à 5 millions.
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C'est beaucoup. Oui. Et quand un quadrupède se refroidit en haletant, il se contente d'humidifier sa langue et d'en rafraîchir ainsi la surface.
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Alors que nous, c'est sur notre corps tout entier que les glandes sudoripares excrètent de l'eau.
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Tout notre corps est transformé en langue.
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Et ce n'est que la moitié de l'explication de la chasse à l'épuisement.
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Parce que quand un quadrupède galope, il ne peut pas haleter.
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Son corps se penche et les viscères vont taper comme un énorme piston dans le diaphragme à chaque foulée
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Chaque fois que vous faites galoper votre chien, un zèbre, une vache, un poney ou n'importe quel quadrupède
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Vous pouvez observer que cela lui enlève sa capacité à halter
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Bien sûr, l'animal peut courir plus vite que moi et aller se cacher dans les buissons pour tenter de se refroidir
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Mais à ce moment-là, si je continue à le poursuivre, si je le piste et le poursuis sans répit, sans qu'il puisse retrouver sa température normale, alors son corps va devenir de plus en plus chaud.
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La chasse à l'épuisement permet à n'importe qui, même moi je l'ai fait, de mettre un animal en hyperthermie.
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Cet antilope qui semblait nous attendre va mourir debout.
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Les derniers adeptes de la chasse à l'épuisement ont disparu.
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Les Bushmen utilisent désormais des fusils.
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Ils n'ont plus besoin de courir pour survivre.
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Mais il y a d'autres endroits sur Terre où la vie et la mort sont une question d'endurance physique.
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Et ils se trouvent très loin de la chaleur africaine.
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Si demain le monde moderne disparaissait, ces hommes-là s'en rendraient à peine compte.
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Ils vivent au cœur de la Sibérie arctique et doivent sans répit lutter pour manger et ne pas avoir froid
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Voici les vestiges de l'Empire soviétique
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Un des avant-postes les plus éloignés, aujourd'hui abandonnés par les Russes qui l'ont construit
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Mais les autochtones, eux, sont toujours là
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Nous sommes sur la presqu'île de Chukotka, une vaste étendue sauvage et sans arbres au nord de la Russie
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C'est tellement loin que pour finir notre voyage, nous devons emprunter un véhicule tout-terrain, un hybride d'autobus et de bulldozer.
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Je suis venu ici pour comprendre comment le corps que nous avions développé pour courir dans la chaleur africaine s'est adapté au froid.
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L'Arctique l'a peut-être façonné différemment.
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Ces nomades savent encore vivre totalement à l'écart du monde moderne.
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Mais ce n'est pas tout.
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Le troupeau de rennes constitue un stock de nourriture hautement calorique,
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enveloppé de la fourrure la plus chaude que l'homme connaisse.
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C'est la fin de l'été, l'époque de la capture. Je vais essayer de suivre.
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Dans ce milieu extrême, un troupeau de rennes est une adaptation parfaite à la vie.
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C'est simple, des milliers de rennes broutent la toundra,
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et leurs éleveurs récupèrent la viande et la fourrure.
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Ils ont toujours de quoi manger sous la main.
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Mais ce mode de vie nécessite de se déplacer en permanence.
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Il faut travailler à chaque instant.
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Dans nos vies sous assistance technique,
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nous pouvons facilement oublier que l'homme a toujours dû chasser pour se nourrir.
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Notre cerveau affamé réclame en permanence de la nourriture riche en calories,
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c'est-à-dire de la viande et de la graisse.
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Telle est notre nature
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Et on s'en rend vraiment compte ici
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Regardez cette petite fille
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Elle a 3 ans et déjà elle fait la vaisselle
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Elle a l'impression de jouer mais en fait elle travaille
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La vie des éleveurs de rennes l'attend
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Et donc elle apprend dès son plus jeune âge à travailler
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Le quatrième jour, nous avons découvert en nous réveillant
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que le troupeau avait disparu.
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Il y a une rivière au nord.
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Mes hôtes pensent que les rennes vont la traverser
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s'ils ne leur font pas rebrousser chemin d'ici là.
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Il suffit qu'ils perdent le contact,
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ne serait-ce que quelques jours avec leurs animaux,
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pour que ceux-ci redeviennent sauvages.
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Je commence à comprendre que la vie dans la toundra sibérienne
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nécessite de courir beaucoup.
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Dans quelques jours, l'hiver sera là.
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Il peut se mettre à neiger à tout moment.
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Et ils courent à travers ces collines
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pour rassembler leur troupeau de 3500 têtes.
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Comme c'est la fin de l'été, les animaux cherchent et mangent tout ce qu'ils trouvent.
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Des champignons, du lichen, de l'herbe.
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Les éleveurs doivent lutter contre cet instinct.
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Nous trouvons le troupeau au moment où il atteint la rivière.
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Cela nous laisse le temps de manger et de souffler un peu.
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Contrairement à nos ancêtres qui pratiquaient la chasse à l'épuisement, ces éleveurs n'ont pas besoin de traquer à mort leurs proies.
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Ils ont pourtant beaucoup de choses en commun.
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La sélection naturelle a façonné les hommes pendant des millions d'années et a rendu nos corps capables de supporter des stress incroyables.
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Mais nous allons rarement au bout de nos limites et rares sont ceux qui comprennent de quoi nos corps sont réellement capables.
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Ces éleveurs constituent une exception.
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Si l'on pense à tout le travail qu'ils doivent fournir, à leur déplacement incessant avec le troupeau,
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leur vie n'est pas si différente de celle de nos ancêtres africains.
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C'est vrai qu'ils ont dû domestiquer les animaux dont ils avaient besoin pour se nourrir et s'abriter,
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mais les rennes ne restent jamais au même endroit.
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Les éleveurs de rennes sont de véritables cow-boys, mais sans cheval.
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Et pour survivre, ils doivent se déplacer aussi vite que leurs bêtes.
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Tout cela n'est pas très différent de ce que nos ancêtres faisaient en Afrique des générations plus tôt.
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Il y a 200 000 ans, notre espèce évoluait en Afrique.
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Nous autres, qui appartenons aux populations des climats du Nord, nous n'avons pas abandonné cet héritage.
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Parce que nous possédons les mêmes gènes, les mêmes caractéristiques biologiques dont nous avons hérité depuis notre origine en Afrique.
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Depuis 2 millions d'années, nous avons développé des capacités incroyables.
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C'est cette anatomie et cette physiologie qui nous permettent d'être vraiment bons en course d'endurance.
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Et la brève période depuis laquelle certains humains ont quitté l'Afrique n'est pas suffisante pour effacer ces capacités et changer toute cette biologie.
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Nous sommes toujours fondamentalement les mêmes.
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Où qu'ils vivent dans le monde, tous les hommes sont pareils.
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Même dans l'Arctique, l'homme possède un corps fait pour courir.
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Pendant deux millions d'années, nous avons dû courir après notre repas.
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La sélection naturelle a fait son travail.
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Et nous en sommes le fruit.
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Nous sommes bourrés de caractéristiques, de la tête aux pieds, qui nous rendent aptes à la course.
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Commençons par les doigts de pied.
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Les hommes possèdent des doigts de pied courts. Pourquoi ?
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Avoir des doigts de pied long n'a pas de conséquence sur la marche.
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Ça ne va pas vous empêcher de marcher correctement.
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Mais si vous avez de très longs doigts de pied et que vous courez, vous risquez de vous les casser à cause des forces de torsion.
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La voûte plantaire est un autre point clé
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Cette partie surélevée du pied agit comme un ressort
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Quand vous marchez, il n'y a ni stockage ni restitution d'énergie élastique
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Mais quand vous courez, vous vous mettez à utiliser votre pied comme un ressort
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17% de l'énergie mécanique du corps qui frappe le sol est stockée puis restituée par ce seul ressort
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Le tendon d'Achille est encore plus étonnant
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C'est le principal ressort de votre corps, et pendant la course, il stocke et restitue environ 35% de l'énergie due au contact avec le sol.
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35%.
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C'est un dispositif de stockage d'énergie élastique complètement passif.
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Donc, quand vous heurtez le sol, je vais enlever ma chaussure, votre pied redescend et votre cheville, en s'abaissant, étire ce ressort.
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puis dans un second temps, ce ressort se détend et aide mon corps à s'élever en l'air
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c'est de l'énergie gratuite
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vous ne l'utilisez pas pour marcher, mais pour courir, rien que pour courir
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rien que pour courir
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un autre endroit important qui fait l'unanimité
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non sans raison, c'est le muscle grand fessier
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c'est le plus grand muscle du corps humain
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et si on se contente de marcher dans la pièce en se tenant les fesses
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on aura l'impression qu'il ne fait rien
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Mais dès qu'on court, il se met à travailler avec vigueur à chaque foulée.
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Il relie les jambes aux hanches et comme quand on court, le corps a tendance à tomber en avant, il se contracte et stabilise le buste.
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Chez les australopithèques, la zone d'insertion du muscle est très réduite.
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Mais chez les représentants du genre homo, on constate une expansion de la partie supérieure du grand fessier, ce qui est très important pour la course.
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Nos cousins primates n'ont pas de fesses saillantes comme nous.
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Les chimpanzés ont de petites fesses.
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Les gros derrière sont une particularité du genre homo.
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De même que les épaules basses tombantes.
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Au moment où vous frappez le sol quand vous courez, la tête a tendance à partir en avant.
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A l'arrière de notre crâne passe le ligament nucal qui est relié à un muscle qui va directement à l'épaule.
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Pour empêcher la tête de partir en avant, le bras retombe et la stabilise.
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C'est le mouvement naturel d'une personne en train de courir, tout ça se fait simultanément.
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Donc quand nous courons, tous ces processus contribuent à stabiliser le corps de façon passive.
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Nous n'avons pas besoin d'y penser ni de faire quoi que ce soit, ça se produit naturellement.
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C'est pour cela qu'il est essentiel d'avoir un corps relaxé, ça permet de courir de façon plus stable.
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La course d'endurance.
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Un don particulier.
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Pour trouver les plus grands coureurs de fond du monde, je suis retourné sur les lieux où est apparue l'humanité
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C'est un des pays les plus pauvres du monde
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Mais sur le plateau d'Addis Abeba, l'air est frais et léger
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C'est ici que vivent quelques-uns des plus grands champions
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En Éthiopie, la course est une obsession nationale
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Voici une scène qui se déroule chaque matin sur la place Meskel, en plein centre de la capitale.
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En 1960, Abibi Bikila, un jeune officier éthiopien, participe aux Jeux Olympiques de Rome.
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Il remporte le marathon en courant pieds nus.
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C'est la première médaille olympique africaine et les Éthiopiens en tirent une leçon.
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En course de fond, ils sont les meilleurs du monde.
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Les Éthiopiens sont si forts qu'on pourrait croire qu'ils sont nés avec des corps différents.
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Sinon, comment des champions pourraient-ils apparaître dans une pareille misère ?
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L'histoire de Seboca Niguse peut nous donner une explication.
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Mes parents sont agriculteurs.
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Ils habitent dans une hutte de paille et vivent de l'élevage du bétail.
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J'ai grandi au village et je n'avais pas de chaussures. Je courais pieds nus. J'ai commencé à courir, d'abord pour aller à l'école. Puis je suis parti, je suis allé à Addis Abeba.
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C'est Boka qui est venu ici.
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Il s'entraîne en périphérie d'Addis Abeba avec un club d'élite, juste un cran au-dessous de l'équipe nationale.
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J'ai été extrêmement surpris par le fait que tous les athlètes qui sont parvenus jusque-là étaient originaires du même milieu.
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Ils ont grandi dans une grande pauvreté, à la ferme.
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Quelque chose dans cette association a fait d'eux des coureurs invincibles.
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A l'époque, la victoire pieds nus de Bikila nous avait semblé amusante.
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Si on y repense, on se dit que les athlètes occidentaux auraient peut-être dû y prêter plus attention.
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Quand je suis arrivé à Addis Abeba, j'avais des sandales en caoutchouc.
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J'ai couru avec pendant trois ans. Elles valaient 18 centimes.
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Je les ai gardés jusqu'à ce que j'entre au club de course
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Quand j'ai visité la ferme de Seboca, j'ai été étonné de voir des enfants courir vers nos caméras
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Pieds nus, à travers les pierres et les épines
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Sans doute comme Seboca autrefois
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Bekoji se trouve dans les hauts plateaux éthiopiens
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C'est un endroit reculé et très pauvre
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Et contre toute attente, c'est de là que sont venus cinq médaillés d'or olympiques lors de ces dix dernières années.
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Tous sont aujourd'hui millionnaires.
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Ils ont été entraînés par l'instituteur local, Sentaye Ueshetu.
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Les familles pauvres envoient désormais leurs enfants par centaines dans son centre d'entraînement.
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La quasi-totalité des athlètes de notre pays viennent de Bekoji.
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Fatouma, Kenenissa, Tirunesh, Ejegayou, Genzebe.
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Ils sont nombreux.
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Il y a ici des athlètes qui ont un bon potentiel et qui n'ont pas de chaussures.
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Certains s'entourent les pieds de tissu.
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Les Koji produisent des coureurs exceptionnels.
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Peut-être est-ce l'air des hauts plateaux,
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ou bien parce que tous ceux qui sont originaires de cette région possèdent un avantage génétique.
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Ce qui est sûr, c'est que courir vite est la seule solution que ces jeunes peuvent trouver pour fuir la misère.
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Mais je vois aussi qu'ils ont un mode de vie proche de celui de notre passé lointain,
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quand nous étions tous de grands coureurs.
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Ici, les gens travaillent dur, ils mobilisent leur corps, ils entraînent leurs pieds dès qu'ils savent marcher.
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C'est peut-être ça leur secret.
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Quand je suis allé pour la première fois en Afrique, j'ai vu que beaucoup d'athlètes couraient pieds nus.
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Et j'ai remarqué qu'ils avaient des pieds particulièrement souples et mobiles.
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Ils étaient tous d'excellents coureurs et des coureurs naturels.
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Ils n'ont pas d'oignons ni d'épines calcanéennes.
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et j'ai changé la vie à cause du contraste avec les gens qui portaient tout le temps des chaussures
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et qui avaient des pieds rigides, qui ne s'adaptaient pas au terrain.
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Je trouve ça étrange qu'un coureur confirmé puisse avoir des pieds faibles.
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Ils ont quasiment tous, sans exception, des pieds faibles.
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Ce sont les pires conditions possibles
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et ce sont désormais celles que nous connaissons durant toute notre vie.
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Nous mettons des chaussures avant même d'apprendre à marcher.
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Le docteur Bell trouve que même les pieds des meilleurs athlètes du Canada ont été affaiblis par une vie passée dans des chaussures de sport.
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Vous voyez qu'il a du mal à prendre appui sur le gros orteil ?
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Il a une lésion du long fléchisseur de l'allux, le muscle qui va jusqu'au pouce et croise le soleil air en dessous.
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Les gens croient souvent qu'ils ont des problèmes au tendon d'Achille, mais ils se trompent.
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Beaucoup d'athlètes ont battu des records du monde tout en ayant des dysfonctionnements, mais ils finissent généralement par se blesser.
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J'ai couru pendant des années en ayant mal aux genoux.
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Je croyais que c'était inévitable.
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Je vais arrêter. 3, 2, 1.
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Je peux faire quelque chose pour vous.
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Ça, c'est quand votre corps frappe le sol.
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Quand vous touchez le tapis, vous arrivez à chaque fois sur le talon.
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Ce pic, c'est ce qui me remonte dans la jambe.
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C'est le choc.
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Le corps est arrêté quand il heurte le sol et c'est l'onde de choc.
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Elle va aller de votre pied à votre tête en 7 à 10 millisecondes.
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Comme ça.
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Vous portez des chaussures qui rendent ça confortable.
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Donc ça ne vous fait pas mal quand vous atterrissez dans votre chaussure qui amortit précisément là et ça augmente encore la probabilité que vous posiez le pied comme ça.
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Tenez.
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Cette chaussure a un talon très épais qui mesure plusieurs centimètres.
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Elle est aussi très rigide et elle a un gros soutien pour la voûte plantaire à l'intérieur.
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Plus vous appuyez sur votre pied, et moins vous sentez ce qui se passe.
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C'est pour ça que les gens qui utilisent ce genre de chaussures sont bruyants quand ils courent.
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Ils font un bruit lourd, on les entend arriver à un kilomètre.
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Eux vont finir à l'hôpital.
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Maintenant, essayez de courir pieds nus.
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Arrête, il va tomber.
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Vous faites beaucoup moins de bruit.
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Vous devez l'entendre.
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On va regarder vos courbes d'impact.
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Vous atterrissez doucement et on ne voit plus le pic de l'impact.
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C'est parce que vous atterrissez sur l'avant du pied.
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Sans l'amortissement de la chaussure, ça fait mal de retomber sur le talon.
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Quand vous sautez, vous faites comment ?
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Vous retombez sur quoi ?
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Là où c'est confortable.
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Si vous retombez sur le talon, ça fait mal.
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Ça fait mal.
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Ça fait mal, pas vrai ?
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J'arrête.
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Ça fait un choc si vous retombez sur le talon.
00:33:19
Mais pas si vous atterrissez sur l'avant du pied.
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Courir, c'est simplement sauter d'un pied sur l'autre.
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C'est comme ça que font tous ceux qui courent pieds nus.
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Nos chaussures sont censées nous protéger avec leurs super coussins.
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Au lieu de quoi, elles nous font du mal.
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Elles nous privent du ressort naturel de nos pieds et de nos jambes.
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C'est peut-être pour ça qu'à Bekoji, la pauvreté est le plus grand atout des athlètes.
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Parmi tous ceux qui s'entraînent ici, Warganesh a vraiment un gros potentiel.
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Si elle parvient à faire des compétitions à l'étranger, elle se classera parmi les cinq meilleures du monde.
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Ce n'est pas facile pour elle, parce qu'elle n'a pas de famille ici et qu'elle manque d'argent.
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Cette jeune fille a été envoyée par ses parents loin de la petite ferme familiale,
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accompagnée par son frère pour travailler avec Eshetou comme coach.
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Worganesh s'entraîne deux fois par jour.
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Son frère travaille pour gagner de quoi la nourrir
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Si elle continue à gagner, elle peut changer le destin de sa famille
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Sinon, elle retournera chez elle dans la misère pour qu'on la marie
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A 17 ans, Worganesh est une coureuse exceptionnelle
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C'est son enfance à la ferme qui a modelé son corps d'athlète
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Voici l'usine à succès éthiopienne
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Les championnats nationaux d'Addis Abeba
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Ces coureurs portent les mêmes chaussures que les sportifs du monde entier
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Ce sont leurs pieds à l'intérieur qui sont différents
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Des pieds qui sont forts et qui sentent le sol
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Des pieds qui ont grandi et se sont développés sans protection
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Là, ils portent des chaussures
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Mais ils sont venus pieds nus
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Sebo Kani Guse est venu courir le 10 000 mètres
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C'est l'événement du championnat
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Son entraîneur pense qu'il peut gagner.
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S'il réussit, une carrière internationale s'ouvrira à lui.
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Au départ, Seboca est dans le peloton de tête.
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A mi-course, il s'est fait distancer.
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En Ethiopie, courir très vite ne suffit pas.
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Seboca devra passer encore un an à s'entraîner en vivotant.
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Mais il n'abandonnera pas. Il n'a pas le choix.
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Nous ne sommes pas vraiment différents.
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Les hommes naissent partout semblables.
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C'est la vie que nous menons qui nous différencie et façonne nos corps.
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Les Éthiopiens courent naturellement, comme l'a voulu notre évolution.
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Mais l'univers de l'athlétisme moderne n'a plus rien de naturel.
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Nous étions des chasseurs dans la nature sauvage.
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Mais dans ce monde nouveau qui est le nôtre, aurions-nous perdu notre patrimoine génétique ?
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Nous étions les plus grands coureurs de fond que la Terre ait jamais porté.
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Mais le sommes-nous toujours.
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L'enquête se poursuit.
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Pouvons-nous encore courir comme nos ancêtres le faisaient ?
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Une fois par an, au Canada, dans les montagnes rocheuses,
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des gens se retrouvent pour faire quelque chose qui, pour beaucoup, n'est même pas imaginable.
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125 kilomètres de course dans les montagnes.
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La course de la mort n'a jamais fait de victime.
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Enfin, pas encore.
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À partir du moment où nous sommes descendus de nos arbres, nous avons dû nourrir notre cerveau de plus en plus gros, en poursuivant nos proies jusqu'à épuisement.
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Au cours de notre évolution, notre intelligence et notre aptitude à la course se sont développées simultanément et harmonieusement.
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Mais nous vivons aujourd'hui dans un monde où règne l'esprit et non le corps.
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Sommes-nous donc toujours capables de courir comme nos ancêtres ?
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« La course de la mort est l'une des courses les plus dures. On y trouve tout. Des montées abruptes et des descentes. Les muscles sont malmenés en permanence. C'est brutal. Il y a un nombre étonnant de gens qui sont attirés par la course d'ultra-endurance. Sans doute pour se tester physiquement, pour voir jusqu'où ils peuvent aller. »
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Pour m'y essayer, il fallait que je ressemble plus aux chasseurs du passé.
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Je me suis entraîné pendant un an dans l'hiver canadien.
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J'ai toujours pratiqué la course, mais jamais comme ça.
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Il fallait que je me construise un corps nouveau.
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A la fin, je courais plus de 100 kilomètres par semaine.
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Je passais du froid de l'Arctique à la chaleur africaine.
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Les semi-marathons comme celui-ci sont assez durs.
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Mais j'allais devoir en courir six à la suite pour la course de la mort.
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J'ai passé la première étape, 20 kilomètres, histoire de vous fatiguer dès le départ.
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Mais le gros morceau arrive.
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La première des trois montagnes, à gravir maintenant en essayant de prendre de la nourriture et de l'eau.
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Il y en a encore pour 15 ou 16 heures.
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Diane Van Der En est une véritable exception.
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Elle peut courir pendant très longtemps.
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Je me lève vers 3h30. Je commence à m'entraîner à 4h. J'habite sur Pikes Peak, qui culmine à 4300 m. Je vais dans la montagne et je monte et je descends pendant 4, 5 ou 6 heures selon mon type d'entraînement. Je cours 4 à 6 heures par jour.
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Un peu après, Diane a été éjectée du sentier et s'est déchirée un muscle de la jambe.
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Sa réaction m'a alors donné une grande leçon.
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Nous ne soupçonnons pas à quel point nous sommes résistants.
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À ce moment-là, j'avais déjà parcouru la plus grande distance de ma vie.
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On est épuisé à la fin des étapes.
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Je suis à mi-parcours.
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J'ai déjà fait 70 kilomètres, mais le plus dur est à venir.
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Le mont Hamel, c'est bien au-dessus de la limite des arbres,
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et là j'ai 10 kilomètres de montée.
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Je sais que je suis fait pour courir,
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Mais j'ai l'impression que je vais m'effondrer. J'ai des spasmes musculaires, les genoux engourdis et les pieds qui brûlent.
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Mais je suis toujours debout et je m'accroche.
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Les limites de l'endurance humaine sont incroyables.
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Il y a des gens qui peuvent courir sur plus de 160 kilomètres.
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Et pas seulement des athlètes modernes qui consomment des produits énergétiques,
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Mais des gens issus des peuples de chasseurs-cueilleurs, avec des sandales rudimentaires, une alimentation très simple et sans entraînement particulier.
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Ils ont cette faculté, donc ils l'utilisent. Ils peuvent courir pendant des jours, c'est incroyable.
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Dans la lumière du soir, j'approche du dernier sommet. Malgré la douleur que lui occasionne sa blessure, Diane Van Der Heen est toujours devant moi.
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Comment ça va ?
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J'ai mal à la cuisse.
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J'essaie de penser à autre chose, de continuer à avancer, de garder ma chaleur et de profiter du paysage.
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Vous avez dépassé Niobe ?
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Oui, je l'ai vu au poste de ravitaillement.
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Je lui ai proposé de prendre de la nourriture et de venir avec moi.
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Il m'a répondu qu'il fallait qu'il mange.
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Je lui ai dit, t'as pas le temps.
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Je n'ai pas pu rattraper mon retard.
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Après 100 kilomètres, j'étais à bout.
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Dans la nuit noire et la pluie, j'ai décidé d'arrêter.
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Le 417 déclare forfait.
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Merci.
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Venez par ici.
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D'accord.
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Il n'y a pas beaucoup d'endroits où vous pouvez courir deux marathons à la suite sur des sentiers de montagne,
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franchir trois sommets sous la pluie et avoir quand même échoué.
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Mais j'ai testé mes capacités physiques.
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J'ai réussi à courir 100 kilomètres.
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Ça montre de quoi le corps humain est capable.
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Avec le recul, je ne sais plus si c'est mon corps ou mon esprit qui a craqué.
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Parce que malgré sa blessure, Diane a continué à courir.
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Comment ça va maintenant ?
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C'est la dernière étape.
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Après une course de plus de 20 heures, elle a franchi la ligne d'arrivée.
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Seul un tiers des participants est allé jusqu'au bout.
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Ce sont les dignes descendants de nos ancêtres chasseurs.
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C'est extraordinaire.
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Vraiment, la course de la mort se présente comme l'épreuve ultime,
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la quintessence de l'extrême,
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une façon de repousser les limites naturelles du corps.
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Mais ce qu'elle nous montre au fond,
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c'est que nous sommes plus endurants que nous le pensons.
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Si nous ne comprenons pas l'histoire de notre évolution,
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si nous ne comprenons pas que nous sommes des chasseurs-cueilleurs faits pour être actifs toute la journée,
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alors nous risquons de nous retrouver en mauvaise santé.
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C'est le prix que nous paierons pour avoir ignoré notre héritage, notre évolution.
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Nos vies n'exigent plus que nous partions tous les jours à la chasse ou à la cueillette,
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alors que nos corps sont faits pour ce type d'exercice.
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Un grand nombre des maladies que nous contractons viennent de cette contradiction entre la vie que nous menons et les caractéristiques biologiques dont nous avons hérité.
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Nous serons sans doute la première génération qui vivra plus longtemps que ses enfants, à cause de toutes les maladies chroniques qui émergent aujourd'hui dès le plus jeune âge.
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Au fil de millions d'années d'évolution, la nature a façonné notre corps.
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Il y eut un temps où nous courions plus longtemps que tous les animaux qui nous entouraient.
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Est-il définitivement révolu ?
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« C'est normal de marcher neuf à 15 km par jour et de ne pas s'asseoir sur des chaises. C'est normal d'avoir des cales aux pieds. Tout cela est normal. Ce qui n'est pas normal, c'est de rester assis toute la journée sans courir ni marcher. Et nous le payons cher. »
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Nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve, mais l'âge des machines ne durera sans doute pas.
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Et peut-être un temps viendra où nous devrons redécouvrir ce que nous sommes vraiment.
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Homo sapiens, l'homme qui pense.
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Peut-être vaudrait-il mieux parler d'homo cursor, l'homme qui est fait pour courir.
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La semaine prochaine, nous serons au bord de la mer Rouge, qui sert de base de repos aux grands migrateurs.
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Mais dans un instant, un autre genre de migration, celle d'une célèbre égérie de Poutine passée à la dissidence.
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